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Là où dort ton nom

Si le ciel, assombri, voile encore ton tombeau,
Je briserai la croix d’un silence sans nom,
Et la porterai loin des orages d’en-haut,
Par-delà les autans, les larmes et l’abandon.

Si nul rayon ne vient, par-delà le matin,
Effleurer doucement le marbre de tes nuits,
J’irai, front découvert, combattre le destin,
Et redonner au vent ton nom que l’on oublie.

Si ton âme s’égare aux confins du silence,
Et que l’ombre du deuil me ronge patiemment,
Je viendrai, pèlerin des songes et souffrances,
T’offrir la paix promise au souffle du néant.

Si dans l’ombre éternelle où s’enlise la mort,
Ton souffle se dissout, glacé par le néant,
Je prierai le Très-Haut d’éclaircir ton sort,
Et bénirai ta cendre au souffle du Levant.

Et si Dieu, dans sa loi, ne permet aucun retour,

Je ferai de mes jours des cierges de mémoire,

Que chaque aurore pleure au nom de notre amour,

Et que la nuit s’incline aux marges de ta gloire.

Si la nuit noire vient hanter ta demeure,
Je veillerai les cieux sans sommeil ni clameur,
Pour que vive en l’éther l’éclat de chaque heure,
Où tu fus dans mes bras l’évangile de l’amour.

Et même s’il faut choir, me dévêtir du jour,
Offrir chair et trésor aux dogmes du silence,
Je ferai de ton nom l’éclat de mon amour,
Et j’éteindrai le glas dans une révérence.

Si la mort t’impose un sommeil d’amertume,
Je n’attendrai pas qu’un zéphyr soit propice ;
Je dresserai ma voix, pleine de brume et d’écume,
Pour raviver le ciel d’une clarté complice.

Si, douce, en ton exil, l’amour vient te brûler,
Je porterai ta gloire jusqu’au seuil de l’infini ;
Et dans l’ombre où ton cœur s’apprête à s’effacer,
Je chanterai l’adieu que ton silence bénit.