La Poésie Française.fr
Corps malade
Je me voue à ton corps, temple lent du martyre,
Dont la pâleur exsangue a cessé de mentir.
Mais ton regard, fanal où mon âme chavire,
M’arrache au monde vil, m’apprend encore à dire.
Qu’importe le déclin, la plaie ou le tourment,
Je serai ton appui, ton souffle, ton moment.
Il suffit d’un soupir pour que je me consacre
À chaque geste lent que ton mal rend plus sacre.
Ton corps, bien que blessé, conserve sa splendeur ;
Il rayonne une grâce aux suaves profondeurs.
Chaque frisson, chaque plainte, chaque repli
Devient l’écho sacré d’un amour qui s’abolit.
Et moi, spectateur doux de ce combat cruel,
Je recueille ta peine au seuil de l’essentiel.
Dans ce corps meurtri, j’ai vu passer l’éternel,
Un éclat… fugitif… mais d’une paix sans fiel.
Je m’agenouille alors, sans prière, sans voix,
Présent à ton silence, à ta lutte, à tes lois.
Et si l’ombre t’emporte, je serai ton veilleur,
Le témoin sans orgueil de ta dernière heure.
Mais tant que ton regard pourra chercher le mien,
Je resterai ton fils… ton souffle, ton soutien.
Et je bénirai l’aube où tu seras lumière,
Revenant chaque nuit m’effleurer, douce et fière.